Le Roi lion est un film d’animation de 1994 bien fluide. Temporalité linéaire, mais avec des pauses en chansons qui n’ont plus rien à voir avec le temps. Ellipse quand le lionceau devient jeune adulte en quelques pas.

MESSAGES

Cyle de la vie

On voit naissance et mort, avec la vie d’un petit lion (Oedipe, intégration de l’image du père, émancipation de l’enfant, créer la vie). On est tous liés, à notre mort nous allons nourrir l’herbe. Vivre à travers ses descendants, on porte nos parents en nous. Créer une famille. On découvre la bonté du père, l’importance de la mère, l’importance de recréer une famille ensuite soi-même. Transmission.

Voyage initiatique

On nous montre comment devenir un homme, avec une autonomie un peu forcée, on voit le lionceau séparer de sa famille, créer son propre chemin, puis revenir dans le sillon du mythe familial. Quête identitaire.

Importance des règles

Ne pas transgresser, car on risque de créer des problèmes pour soi-même ou les autres. Critique de la désobéissante, importance de reprendre les fautes, mais en se montrant bon. Respect des territoires, il y a des endroits qui ne sont pas bons à fréquenter.

Critique du régime totalitaire

Scar laisse entrevoir un bon futur à ceux qui lui obéissent aveuglément, il fera régner un régime de terreur.

Deuil

On peut dépasser la mort de l’autre en le retrouvant en nous (surtout lorsque c’est un parent). Mort. Un film qui montre la disparition du père.

Le Roi lion

Le Roi lion

Joie de vivre

Vivre sans soucis, au jour le jour. Hakuna Matata, ne pas s’en faire, même si on peut avoir des problèmes, on peut bien vivre sa vie sans se prendre la tête, accepter ce que l’on a, sans soucis, sans attentes (vie d’adolescent qu’il faudra un moment quitter). Amitié.

Sens des responsabilités

Devoir agir, se battre, être la personne sur qui on peut compter. Récupérer ce qui est à nous et bien s’en occuper.

Message écologique

Ne détruisons pas notre environnement comme les hyènes. Nature. Très beaux paysages et animaux que l’on voit un moment détruits, mais qui peuvent revenir à la normale si le monde est correctement géré.

Couple

On risque d’oublier ses amis quand on est amoureux. Importance d’oser dire ses malaises au conjoint.

Culpabilité

Ne pas oser parler de ce que l’on a fait quand on se sent responsable, fuir. Le temps peut permettre un désir de réparation, confrontation.

Injustice

Malversation qui fait croire à un coupable. Ce n’est pas Simba qui doit être puni, mais Scar.

Jalousie

Avoir un frère qui possède tout et ne pas supporter cette injustice, développer de la méchanceté, jusqu’à lui faire du mal et tout lui prendre.

Place de la femme

La mère est presque inexistante et pas vraiment protectrice. C’est plutôt un film pensé filiation paternelle. Seule Nala (la petite amie) a une place de lionne qui domine la relation.

Le Roi lion

Le Roi lion

SCÈNES DIFFICILES

Mises en danger

Menace d’être mangé par les hyènes, musique stressante, Zazu finit dans une casserole, poursuite, se retrouver acculé. Scar place Simba sur le trajet d’une dangereuse horde de Gnous, risque d’être piétiné, parvient à se rattraper à une branche d’arbre qui risque de se briser. Les hyènes ont l’ordre d’aller tuer le lionceau, poursuite stressante qui s’arrête dans les ronces. Simba étendu dans le désert inerte, des vautours s’approchent de lui. Pumbaa se fait attaquer par Nala adulte. Scène de bataille entre les lionnes et les hyènes, et entre Simba et Scar, avec un retournement de dernière seconde où par traitrise Scar reprend un instant le dessus.

Malaise

Le spectateur réalise qu’il y a un complot contre Mufasa, on voit que tout le monde se fait avoir par Scar. Pathétique lionceau qui n’a pas tout de suite saisi que son père est mort, il parle à son cadavre, quand il réalise, personne ne vient l’aider. Scar joue au gentil, il est puant et manipulateur. Le beau pays de Mufasa est devenu aride, sombre, désertique. La mère de Simba se fait frapper par Scar.

Tristesse

La situation de Simba est horrible lorsqu’il se sent coupable de la mort de son père et qu’il s’enfuit. Quand il revient au pays, il est de nouveau accusé par son oncle, il se fait traiter d’assassin.

Les méchants

L’oncle Scar, amer, fourbe, hypocrite, horrible représentation de l’adulte malsain proche de l’enfant, qui l’utilise ; les hyènes à déconseiller aux plus jeunes ou sensibles, grosses dents.

Morts

L’horrible mort du père, que Scar va envoyer au fond d’un canyon, se faire écraser par un troupeau fou, et c’est son fils qui va se sentir coupable de cette mort. Risque qu’une petite souris se fasse manger par Scar. On verra, à travers son ombre, la fin du grand méchant, terrassé par ses anciens alliés les hyènes.

Environnements dangereux

Il y a des endroits pas agréables, le monde des hyènes, le cimetière des éléphants, le désert brûlant.

VOCABULAIRE

Classique mais avec de l’humour pétomane parfois. Beaucoup de chansons.

Un beau film, plutôt complexe, qui ose parler de la mort d’un parent. Triste, mais plutôt intéressant comme thème, mérite un accompagnement rien que pour la mort du papa, dans une séquence plutôt horrible.

Il existe un premier film, Le Roi Lion, le deuxième, L’honneur de la tribu et troisième film Hakuna Matata. Ainsi qu’une série, La garde du Roi Lion. Un film en image de synthèse est sorti en 2019, Le Roi Lion.

Ce que disent les autres. Extraits de « IDEOLOGIE, ESPACE ET MEDIATION CHEZ DISNEY Analyse sémiopragmatique du film Le Roi lion » Pierre Barrette. Cahiers du Gerse n°6. Université du Québec « Le récit du Roi lion se présente sous la forme d’un conte canonique, qui construit pour le héros – et par le fait même pour le jeune spectateur qui s’y identifie – un trajet où s’organise peu à peu, d’une manière éminemment spatiale, le sens de l’expérience humaine; jeté dans le monde et confronté à subir la culpabilité (toute œdipienne) d’avoir causé sans le vouloir la mort de son père, il est forcé à un exil hors de la famille où il devra trouver son identité, sa place, et affirmer pour lui-même un ensemble de valeurs qui lui permettront de reconquérir son trône. (…)

le trajet effectué par Simba est assimilable, du point de vue de l’enfant-spectateur, à une projection de sa volonté d’affirmer son identité au sein du cercle familial et dans le monde. En tant que récit d’initiation, c’est le drame de la séparation qui se joue ici au niveau le plus fondamental (assorti d’une multitude d’autres drames secondaires) – une situation aux résonances multiples pour le spectateur-enfant confronté dans sa propre vie à la peur d’être abandonné de ses parents – avec, à la clé, un modèle comportemental et un système de valeurs adaptés. Le récit du Roi lion fournit donc en quelque sorte une réponse aux angoisses du jeune spectateur.

Critique : les attributions en fonction du sexe (femelles soumises, passives, râleuses; mâles dominants, courageux, proactifs) – les références à la race (une hiérarchie très forte est établie selon la race d’appartenance des animaux, une hiérarchie naturalisée grâce à tout un discours pseudo-écologique sur le « grand cercle de la vie ») – la présentation contrastée de divers modèles politiques (légitimité de droit naturel versus légitimité démocratique, la seconde étant fortement associée dans le film aux mouvements révolutionnaires et au communisme autocratique).« 

Extrait de « Psychanalyse des dessins animés » de Geneviève Djénati. « Contenu latent : le Roi Lion contient tous les symboles du complexe d’Oedipe chez le garçon, le père fort et puissant, idéalisé, la mère affectueuse, le souhait de mort du père déplacé sur l’oncle Scar et la rivalité fraternelle, l’éloignement puis le retour, avec le dépassement de la culpabilité. Ainsi l’inscription dans l’ordre des générations est-elle possible en donnant naissance à une descendance. Le père est présenté comme porteur de la loi et comme initiateur. L’échange avec son fils passe par la parole et sa sagesse est figurée par la présence du vieux singe. – Notre avis : Ce dessin animé est assez proche de celui de Bambi dans sa façon d’aborder le déroulement de la vie. Cependant, il en diffère par la nature bien plus violente des animaux, la transmission qui est faite, essentiellement par le père, et la confrontation du bien et du mal. La culpabilité, l’ambivalence amour/haine, la rivalité, sont des préoccupations qui concernent des spectateurs plus matures que ceux de Bambi. ».

Le site Le cinéma est politique fait également une analyse de l’idéologie potentiellement présente dans ce dessin animé : « Pour résumer, qu’apprend donc Le Roi Lion aux enfants. Tout d’abord que le monde se divise en deux catégories : la race supérieure des chefs, qui possèdent non seulement le savoir, mais sont aussi méritants et responsables, et la race inférieure de ceux/celles qui sont voué-e-s à obéir parce qu’ils sont fondamentalement ignorants. Mais aussi que le fascisme c’est mal, alors que le gouvernement d’un chef éclairé c’est bien. Que les efféminés, les pauvres et les minorités ethniques sont louches. Que la colonisation était somme toute une bonne chose consentie par les sages des peuples inférieurs. Que le pouvoir et le savoir sont des affaires sérieuses, qui doivent donc être confiées aux hommes. Que les femmes sont là pour accompagner les hommes vers leur destinée, et qu’elles doivent apprendre à se soumettre même quand elles sont plus fortes que les hommes. Que lorsqu’on est moche, on est forcément mauvais. Que l’ordre politique est fondé en nature et ne doit donc en aucun cas être bouleversé (sous peine de voir le monde se transformer en un immense ghetto…). Que ne pas travailler est forcément une attitude régressive et irresponsable… » L’article complet ici.

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