Mononoke, le film : Un fantôme sous la pluie est un film d’animation japonais de 2024. Une apparence visuelle vraiment spécifique, on a un peu l’impression d’estampe sur du papier marbré. Des images impressionnantes dans les couleurs et les détails (autant dans les personnages que les décors). Il y a une grande impression de mouvement, aussi parce que les plans se succèdent rapidement et que les décors peuvent avoir leurs couleurs qui se modifient (un plan dure rarement plus que quelques secondes). La musique et bruitage sont aussi très présents. L’histoire se déroule sur quelques jours que l’on met en évidence un peu comme des chapitres. Il y a des retours dans le passé, pas toujours explicite. Et le film est à suivre.

MESSAGES

Se décentrer

Un film qui nous montre que la réalité n’est pas toujours ce que l’on pense. On doit croire au surnaturel qui nous entoure. Les choses sont mouvantes.

Combattre

Face au mal, il faut des pouvoirs et la maîtrise de l’adversaire pour vaincre. L’Apothicaire est un des 64 gardiens qui possède un sabre spécial (qu’il ne peut utiliser que si trois éléments sont réunis). Enquête. Pour faire face à un problème, il faut déjà saisir ce qui se passe. On nous montre l’enquête de deux hommes qui ont été envoyés par leurs clans, et celle d’un magicien (autant dire qu’ils ont des moyens différents et que le suspense est présent).

Fantôme

Nous avons affaire ici à une entité surnaturelle, on ne saisit pas encore bien ses motivations, mais elle tue des personnes en tentant de se matérialiser dans notre monde. Nous sommes au Japon, on parle ici d’un Yokai. Cet esprit utilise les objets chargés d’émotions abandonnées par des femmes (un peigne devient une lame, un parapluie un yokai Karakasa, le kaléidoscope deviendra des éclats tranchants…). Magie. Seule une personne ayant des pouvoirs magiques peut combattre contre lui. Poétique. L’ambiance du film crée une atmosphère poétique.

Émotion

Les yokai utilisent les émotions des humains pour s’y rattacher, que cela soit de la jalousie, de l’agressivité, ils assimilent d’une certaine façon des émotions refoulées et les utilisent. Il faut se connaitre et accepter ce que l’on ressent et en faire quelque chose avant que cela n’explose. Exploitation. C’est l’exploitation de ces femmes sacrifiées pour une religion qui leur impose de ne plus exister qui va donner de la force à l’esprit.

Réaliser son rêve

Importance d’oser tenter ce que l’on veut devenir, mais pour cela il ne faut pas se renier soi-même (une des filles veut être concubine, l’autre le scrible officiel). Quête identitaire. Quand ce que l’on imagine être son rêve vient trop nous changer, mieux faut retourner chez soi et vivre ce que l’on est réellement. Importance de garder son âme, de ne pas s’assécher dans des travaux qui ne nous correspondent pas. Importance de l’intime, avec des objets comme un peigne, un kaléidoscope, un parapluie, une poupée… ce sont des artéfacts que ces femmes ont accepté de jeter pour devenir d’autres personnes.

Travail

Le travail ne doit pas changer les personnes, les conditionner à accepter n’importe quoi. On nous montre comme les hiérarchies peuvent être dangereuses quand un supérieur dénigre. Malgré tout ce qui peut se passer, il faut continuer son travail. Jalousie. On voit les jalousies quand un poste est donné à une nouvelle venue, cela peut créer de l’agressivité, du harcèlement. Performance. On revalorise celle qui est capable de bien faire (Asa), on revalorise l’excellence à travers des protocoles bien rodés, la médiocrité n’a pas sa place dans les hautes sphères. Secret. Quand il y a un problème, les supérieurs peuvent vouloir cacher les choses et ainsi créer des secrets. Contrôle du travail. On nous montre des personnes qui viennent vérifier si le travail est bien fait (avec l’objectif caché de faire sauter celle qui gère tout).

Mononoke, le film : Un fantôme sous la pluie

Mononoke, le film : Un fantôme sous la pluie

Amitié

Deux filles vont commencer ensemble une formation, elles vont se serrer les coudes. On voit comme l’adversité peut créer du lien.

Religion

C’est ici une histoire qui met en scène un culte folklorique à une déesse de l’eau. On voit comme c’est utilisé pour conditionner les personnes à accepter n’importe quoi (les femmes doivent accepter d’oublier qui elles sont). On voit différents rituels (comme boire une eau ou jeter ce qui nous est le plus important). On voit des images de bouddha dans différents dessins. Les cérémonies ne peuvent pas être annulées, malgré tout ce qui peut se passer le peuple doit pouvoir assister aux célébrations. Surnaturel. Les objets peuvent contenir des émotions.  Les esprits existent.

Dévouement

On fait ici une critique du dévouement religieux ou à l’encontre d’un supérieur (mais en même temps le système continue lorsque le supérieur est une personne respectable).

Historique

Asie. On nous fait découvrir une sorte d’ancienne époque au Japon féodal, avec des histoires de clan familial, des enjeux de pouvoir. Convenance. On nous montre comme les choses peuvent être prédéfinies dans des convenances (typiquement asiatique, dans des respects de statuts).

Différence de classe

On voit clairement qu’il y a des hiérarchies, avec des courtisanes qui sont bien habillées, des appartements de luxe.

Intérêt pour l’autre sexe

Les belles femmes sont réservées pour l’empereur, et seule l’excellence pourra coucher avec lui et tenter de tomber enceinte. On nous montre des personnages qui sont entièrement acquis à la cause, y compris une des héroïnes qui sait que son physique pourrait plaire et qui tente d’être vue par ce monarque avant d’être renvoyée pour incompétence. On découvre ici le harem d’Edo.

Nourriture

La nourriture est parfois mise en avant, les odeurs sont visuelles.

Stéréotype de genre

Une époque où les femmes sont préposées à la cuisine et l’accueil tandis que les hommes sont surtout pensés pour le combat.

Mononoke, le film : Un fantôme sous la pluie

Mononoke, le film : Un fantôme sous la pluie

SCÈNES DIFFICILES

Mises en danger

L’Apothicaire sent quelque chose d’étrange, il va entrer dans l’espace des femmes, un garde veut lui couper la tête, mais il évite cela facilement. L’Apothicaire se dirige vers les appartements de Kame, on craint sa mort, à l’étage il semble y avoir quelque chose d’horrible, ce n’est pas Kame qui est juste endormie, mais c’est Mugitani que l’on verra toute desséchée. L’intendante Mme Awashima devient un peu folle, elle s’en prend à Kame et lui coupe les cheveux, elle a des rictus qui font peur, on sent l’implication du Yokai qui va subitement la tirer en arrière et se dessécher avec souffrance. L’esprit veut se matérialiser dans notre monde, combat entre lui et l’Apothicaire, les images se suivent étranges, on a l’impression que les héros tombent dans le puits. Il y a beaucoup de choses à l’intérieur, y compris des cadavres. Kame va tomber dans le puits, c’est Asa qui veut la sauver (mais c’est tout en symbolique et c’est finalement Asa qui tient son amie). L’Apothicaire peut enfin dégainer son épée, il change de forme prenant une apparence plus humaine, et commence son combat contre l’esprit, un coup puissant conclu la chose.

Malaise

On joue souvent avec l’inconnu et des choses étranges que l’on ne comprend pas. Deux femmes voient un personnage étrange très maquillé et qui a des dents pointues. C’est un apothicaire qui dit pouvoir proposer un philtre d’amour à Sakashita qui semble sous le charme de ces femmes. Il y a des servantes dont le visage est remplacé par du noir avec une forme de tourbillon coloré au centre, c’est étrange. Kame, une des filles craint avoir oublié son laissez-passer. L’Apothicaire reçoit l’information qu’il n’a pas le droit de se diriger à l’intérieur du bâtiment où il n’y a que des femmes et qu’il risque d’avoir la tête tranchée s’il tente. La nourriture que voulait offrir Kame est jetée dans le puits. Elle va ensuite elle-même jeter un précieux peigne offert par sa grand-mère pour montrer qu’elle veut vraiment accéder à l’ordre. Kame veut devenir une courtisane, elle aimerait porter l’enfant de l’empereur, son ami préférerait devenir la grande scribe. Les deux femmes doivent se lever avant l’aube pour préparer les repas, Kame réalise qu’elle ne sait même pas faire à manger. Kame a osé parler à des concubines, sa responsable est outrée. L’eau sacrée que les servantes doivent boire semble croupie (en tout cas elle a un mauvais gout). On voit des concubines se déshabiller pour entrer dans les salles des affaires nocturnes, elles boivent de l’eau d’une façon goulue. Asa rencontre Kitagawa la scribe officielle, mais la scène est étrange et tourne autour d’une poupée plutôt lugubre (elle voit quelque chose au sol et à son visage qui s’angoisse subitement). Kame est critiquée parce qu’elle ne réussit pas bien son travail, c’est Asa qui s’excuse à sa place. Une des responsables ne l’apprécie pas en lui renvoyant qu’elle est surtout forte pour attirer les hommes en les aguichant avec ses cuisses légères. C’est finalement cette responsable qui va devenir en charge. Les hommes du Shogun apprennent qu’il y a une femme qui a disparu, ils veulent savoir pourquoi. On voit que l’Apothicaire a du matériel magique. On voit Kame être dévalorisée par sa responsable Mugitani, ses affaires sont jetées. Il y a des effets bizarres dans le harem, l’Apothicaire veut tuer le mononoke avec un sabre spécial. La responsable veut cacher la mort de Mugitani, elle fait mettre le cadavre dans le puits, on le voit couler dans l’eau qui est bue par tout le monde durant les cérémonies. On craint que Asa change de visage comme les autres. Asa discute avec Kitagawa des choses qu’elle a dû jeter, elle lui donne des conseils, on réalise qu’il y a quelque chose d’étrange, en fait Kitagawa présente différents visages, en fait elle n’est pas vraiment là. L’environnement change beaucoup, l’esprit joue avec les couleurs. On voit la tristesse de ceux qui ont dû jeter leurs précieux objets dans le puits. On nous montre toujours les taches de vieillesses sur les mains de celle qui dirige. Après le combat on retrouve les objets précieux jetés dans le puits. L’histoire se termine sans que l’esprit ait été détruit, il reste quelque chose de louche avec la poupée que garde Asa (qui soudain sourit).

VOCABULAIRE

Vu en japonais.

Ce film (qui sera en fait une trilogie) est issu d’une série qui a un de ses trois arcs consacrés au personnage de l’Apothicaire (Ayakashi: Japanese Classic Horror), puis d’une série dérivée, Mononoke en 2007. Il a vraiment une apparence hors norme. Sous le couvert d’une enquête autour de disparitions et de la découverte d’un esprit, on nous montre des problèmes de relation au travail et la situation sociopolitique du Japon à l’époque (on nous montre de façon peu claire que l’on ne doit pas abandonner son âme pour une quelconque mission) (mieux vaut rester soi-même et ne pas refouler ses émotions). Mieux vaut avoir 13 ans pour saisir quelque chose à cette histoire (qui parle quand même de meurtres dans un harem).

C’est ici une trilogie, en 2024 est sorti Mononoke, le film : Un fantôme sous la pluie en 2025 Les Cendres de la rage et en 2026 Le Dieu Serpent.

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