Le Pharaon, le Sauvage et la Princesse est un dessin animé de Michel Ocelot réalisé en 2022 qui semble avoir différentes techniques qui s’approchent du papier découpé, avec parfois effet d’ombres chinoises (mais c’est fait à la palette graphique). Nous découvrons en fait trois courts-métrages réunis grâce à une conteuse (Pharaon ! – Le Beau Sauvage – Le Prince des beignets et la Princesse des roses). Le montage n’est pas pensé pour les plus jeunes, avec des successions de plans qui osent des ellipses de toute sorte. Les histoires sont complexes pour les moins de 10 ans.
MESSAGES
Amour
Un film qui nous fait penser que l’amour et le couple sont des choses importantes. Si dans deux histoires on critique l’idée des mariages arrangés, en permettant aux jeunes de faire leurs propres expériences, il y en a une où l’amour n’est finalement peu en lien avec la réalité des relations, mais plutôt un phantasme sur ce que l’on imagine de l’autre (le « sauvage » va épouser la fille du roi qu’il n’avait jamais vu avant). Amour impossible. Il ne faut pas abandonner lorsque l’on s’intéresse à une personne qui semble inaccessible, car en agissant on peut finir avec. Couple. La finalité ne peut être que le couple, tous les héros finissent comme cela. C’est surtout dans la dernière histoire que l’on parle un peu des attentes, pour les deux premiers couples, je leur souhaite bonne chance.
Famille
On critique les parents qui ne s’occupent pas bien de leurs enfants (un père empêche l’enfant de faire de la musique, de lire, de s’amuser). Autonomie. On nous présente le moment de l’indépendance, avec des jeunes qui doivent fuir le joug familial pour vivre leur vie, développer leurs valeurs. Imposition familiale. Les parents n’ont pas ici le bon rôle, avec une mère qui veut garder le pouvoir, un père qui n’hésite pas à faire tuer son jeune fils et un père qui veut faire couper les têtes à sa fille et celui qu’elle ose fréquenter. Importance de ne pas se laisser faire. Rébellion.
Histoire racontée
C’est une conteuse qui nous raconte ces histoires (qui sont elles-mêmes tirées de contes). Les spectateurs ont des interactions avant qu’elles ne commencent (et leurs remarques ne sont pas toujours des plus intelligentes). Après avoir entendu une histoire, mieux vaut la laisser agir en nous plutôt qu’en parler. Il y a même une histoire racontée dans la dernière histoire. Conte. Des histoires inspirées d’un conte égyptien, d’un conte auvergnat d’Henri Pourrat ou d’un conte marocain inspiré des mille et une nuits).
Justice
On critique les tyrans et on met en évidence ceux qui pensent au peuple, ceux qui distribuent les richesses. Protection. On revalorise celui qui pense à l’autre (qui va jusqu’à envahir une contrée de manière pacifiste, en faisant en sorte que la population devienne moins pauvre).
Voyage
Un qui ose nous faire voyager, on va apprécier découvrir différentes époques et surtout différents endroits. Comme l’Égypte antique en commençant au Soudan, l’Auvergne médiévale et des Ottomans et leur palais turc. Le marché de la dernière histoire nous fait voyager partout à travers ce qui s’y vend.
Féminisme
On ressent une sensibilité à la femme, qui n’est plus seulement un objet (ici la princesse africaine va réussir à motiver son amoureux de se battre pour obtenir le mariage) (la princesse Otomane ne se laisse pas faire par les bandits).
Réaliser son rêve
Nous sommes maîtres de notre destin, nous pouvons le changer au hasard des décisions.
Liberté
Les personnages ne se laissent pas enfermer dans leurs rôles et osent rechercher une certaine liberté (même les princes et princesses sont plus à l’aise lorsqu’ils peuvent abandonner leurs bijoux).
Motivation
En se montrant déterminé, en agissant, on peut obtenir ce que l’on veut. Combattre. On peut même devoir combattre, mais on n’est pas obligé d’être violent, on peut gagner en usant de parole.
Pauvreté
Il ne faut pas accepter la pauvreté et faire en sorte d’aider (que cela soit Tanouékamani qui relance l’agriculture ou le sauvage qui vole l’argent des impôts pour leur distribuer). Argent. Quand on a de l’argent, du pouvoir, cela peut aider (il suffit de vendre un bouton d’une jolie veste pour s’en sortir).
Poétique
L’animation a un style et un rythme qui provoque une certaine poésie.
Apparence
Les beaux personnages se mettent ensemble (les méchants ont des gros bidons).
Sexualisation de personnages
Nous voyons les seins des femmes africaines, mais ce n’est pas pensé pour affrioler. On désexualise les poitrines, c’était naturel à l’époque de se promener sein nu.
Religion
Dans le premier court-métrage, le héros va demander la protection de plusieurs divinités, il sera entendu parce qu’il offre des réparations de temple et des offrandes en échange (on va finalement réaliser que l’aide des dieux ne sert à rien, c’est lui qui agit et qui réussit les choses). Ces dieux égyptiens viennent le voir durant son sommeil. Polythéisme. On nous montre que l’on peut servir plusieurs dieux, cela ne pose pas de problème.
Vol
On peut voler si c’est pour une bonne cause. On peut envahir le pays de l’autre si c’est pour plaire à son aimée.
SCÈNES DIFFICILES
Mises en danger
Une grande armée se trouve en face de Tanouékamani, on craint un combat, il ose avancer seul contre l’ennemi pour leur parler. Le garde-chasse qui avait aidé le jeune héros va être pendu. Un jeune prince doit fuir pour échapper à ceux qui voulaient le tuer. Le sultan attiré par la musique va découvrir sa fille avec un garçon et décide de les faire enfermer (avant de les décapiter). Des bandits attaquent la caravane et leur chef veut prendre la princesse comme son esclave, elle se bat contre lui et son amoureux vient l’aider, le bandit se retrouve avec une lame sous la gorge.
Malaise
La Mère-Régente ne veut pas marier sa fille pour garder le pouvoir et elle renvoie à Tanouékamani qu’il doit devenir Pharaon pour avoir sa main. Un père gronde son enfant et l’envoie jouer dehors, le petit fait tomber sa balle dans une petite fenêtre et doit demander au prisonnier qui s’y trouve de lui rendre sa balle. On va voir plusieurs fois le petit se faire éjecter de chez lui, pour des motifs injustes. On apprend que le prisonnier a une petite fille et qu’elle lui manque. Le prisonnier demande à l’enfant de ne plus lui jeter son ballon, mais de lui envoyer les clés (on voit le petit tenter de les récupérer de nuit, chez le geôlier, c’est un peu tendu). Le roi décide de tuer le geôlier en le pendant, il le considère comme responsable, mais le petit ose avouer que c’est lui qui a libéré le prisonnier. Le petit se retrouve seul dans la forêt et on entend le bruit d’un loup. Un homme arrive à la cour du roi à moitié nu. Le seigneur se retrouve seul face à son ennemi venu l’envahir, il va être envoyé au cachot sans nourriture. Le prince va travailler pour un patron critique qui n’arrête pas de râler. Le jeune homme ne peut pas passer par la grande porte ni la moyenne, il doit entrer par la petite misérable. Le garçon veut revoir la princesse, mais les servantes disent qu’il y a le risque de finir étranglé dans ses plans. Les deux jeunes s’enfuient en prenant une caravane de nuit, mais sans savoir où ils vont.
Maltraitance
Un père n’est vraiment pas aimant et finalement il va jusqu’à le condamner à mort, en le faisant envoyer en forêt pour être tué.
Santé
Alcool. On comprend qu’on a fait boire les moines pour leur voler l’agent qu’ils apportaient au roi.
VOCABULAIRE
Classique.
On retrouve l’ambiance du style du réalisateur lorsqu’il traitait les contes dans ses séries ou films. Des histoires qui nous permettent de voir que l’amour est important dans la vie, comme la nécessité de s’affranchir des parents. Ce sont des contes, avec leurs doses de cruauté, mieux vaut accompagner l’enfant. Mieux vaut avoir 9 ans pour commencer à comprendre ce qu’il voit et ne pas le laisser seul trop jeune découvrir ces histoires (ou les parents sont souvent les méchants).
Ce que disent les autres : ici un dossier pédagogique bien complet en PDF.