Le Petit Prince est un film d’animation de 2015. Deux techniques sont présentes, une image de synthèse classique pour l’histoire principale (pas toujours des plus réussis, surtout le Petit Prince jeune adulte) et du stop motion vraiment bien pensée pour les moments où sont racontés l’histoire du Petit Prince de Saint-Exupéry. L’alternance des deux histoires complexifie le récit, les moins de 10 ans auront de la peine à saisir l’interaction entre les deux. Moments d’ellipses.

MESSAGES

La mort

C’est un des thèmes principaux du Petit Prince. Manque. Difficile de laisser partir une personne, on a toujours l’impression d’avoir besoin de lui. On souffre de la perte. « Tu ne peux pas partir, j’ai besoin de toi » dira la petite au vieillard. S’approcher de la mort. On nous montre une vieille personne qui montre les signes d’une fin proche (il peut tomber chez lui et rester longtemps au sol, on lui a retiré son permis de conduire, car il risquait de générer des accidents, il parle de son départ). Il se rassure en parlant de sa disparition comme le moyen de retrouver ceux qu’il a perdus. Crainte de la souffrance. Le Petit Prince s’inquiète de savoir si la morsure du serpent va le faire souffrir. La suite. On nous dit que la personne disparue reste vivante, dans le coeur de la personne qui va pouvoir continuer à penser à elle. Difficile de dire clairement les choses. Le vieillard sait qu’il va mourir, il ne le dit pas à la petite fille. Dans le Petit Prince, la mort de l’enfant n’est pas clairement exprimée. Ne pas oublier. Se souvenir de l’autre est le seul moyen de le garder vivant. C’est refouler que de faire comme si l’autre n’était pas parti. Deuil.

Importance des histoires

Une histoire inventée, racontée ou lue, cela peut être magique. Motivation à découvrir la suite. Revalorisation du livre. On peut faire vivre les personnages d’un livre, en tout cas dans les rêves. Accepter l’imagination. Une enfant trop centrée sur la vraie vie va abandonner son besoin de se raccrocher à la réalité et accepter de rentrer dans le monde de l’imaginaire (et n’aura plus besoin de poser des questions ou des infirmations qui doivent valider la véritable existence des choses racontées). Se créer ses propres représentations. La petite fille a sa propre représentation de l’histoire, elle rêve la suite en résolvant ses propres problématiques. Utiliser l’imaginaire pour avancer dans sa vraie vie. Découverte du livre le Petit Prince. On nous montre les pages du livre tel qu’on le connaît. On garde l’oeuvre originale avec un traitement en stop motion qui lui donne une place spécifique dans l’animé. Littérature de Antoine de SaintExupéry.

Éducation des parents

Besoin du parent de faire en sorte que l’enfant réussisse dans la vie. Danger de ne regarder que ses valeurs, d’imposer son monde à l’enfant. Envie de bien faire pour sa fille qui peut aller assez loin, la mère va jusqu’à déménager pour faire en sorte que sa fille soit acceptée dans l’école qu’elle avait choisie. La mère ne réalise pas qu’elle enferme, maltraite sa fille pour qu’elle soit l’enfant parfaite qu’elle désire. Famille monoparentale. Plus de difficulté à devoir gérer les choses (thème du besoin de maîtrise plus loin).

Liberté

On critique l’enfermement de l’enfant dans un monde scolaire, quand ce qui est bien pour lui c’est d’avoir des liens avec sa mère ou son entourage, c’est de passer des moments à jouer, rire, être dans un sympathique environnement. Les choses ne doivent pas rester enfermées, que cela soit des étoiles qu’un homme égoïste veut garder pour lui, les utiliser comme il le veut, ou une petite fille qui n’a pas le droit de vivre sa vie. Conditionnement. Danger de ne pas écouter les questions et de répondre seulement ce que l’on nous a appris. Monter à l’école que l’on peut avoir sa propre façon de voir.

Belles choses de la vie

On veut ici revaloriser ce qui est beau, inutile. Voir un parachute coloré tomber délicatement sur soi. Les étoiles à observer. Découverte de petits trésors dans une boite pleine d’argent, des petits jouets atour du Petit Prince. Danger de la production adulte. Quand on est trop centré sur le travail, on peut transformer tous les plaisirs de la vie en de simples trombones, et rentrer dans un monde terne, sans plaisir. Maison agréable. Exemple d’un intérieur froid, design et rangé qui ne donne pas de vie, en contraste avec la maison de l’aviateur qui est remplie de ses petits trésors de vie, avec un jardin plein d’inventions, de verdure, de la jolie musique à la Charles Trenet.Bonheur. Le bonheur est à côté de nous, on n’a pas à faire de grands voyages pour l’atteindre, il faut juste oser sortir de ses habitudes, avoir conscience de ses conditionnements. Joie de vivre.

Le Petit PrinceInvention

On découvre une personne qui fabrique beaucoup de choses étranges comme différents mobiles. Amasser. Garder les petites choses de la vie et en remplir sa maison. Chez l’aviateur, c’est un vrai capharnaüm.

Jeu

L’enfant doit vivre des plaisirs à jouer (cerf-volant, peinture, faire semblant de voler, se photographier, créer).

Travail monopolisant

Danger d’une vie pour le travail, contenue. Danger de devenir une grande personne juste préoccupée par l’utile, la rentabilité. Maniaque de l’emploi du temps. Réussite scolaire. Programmation d’un enfant pour qu’il fasse bien ses leçons, l’enfermant déjà dans un monde d’adulte. Trop investir le travail. Danger quand le boulot passe avant tout le reste, quand on ne voit presque pas son enfant. Danger de devenir adulte. En grandissant on veut s’insérer dans le monde du travail, avoir peur de ralentir la production, et on s’inquiète de choses ridicules, on peut oublier les liens importants qu’on avait. Économie et travail. Besoin d’aller à l’essentiel, ne pas se soucier du reste.

Quête identitaire

Une petite fille va apprendre à devenir elle-même. Projet de vie. L’enfant a un projet de vie pensé par la mère, tout est régulé et minuté, tout est prévu et tout est à devoir accomplir. Autonomie. L’enfant doit pouvoir faire les choses par soi-même. Se renforcer. Une petite fille qui est restée toute sa vie dans la jupe de sa mère apprend à jouer à l’extérieur. L’aviateur la fait monter à l’arbre récupérer un cerf-volant, elle a peur, mais ose se confronter à une difficulté. Elle s’écorche, et apprend que l’on peut passer par de petites épreuves physiques sans que cela pose vraiment un problème. Petite fille responsable, qui maîtrise, elle est debout avant sa mère, ne la subit plus, anticipe pour y glisser ce qui est important pour elle.

Importance du lien

On se construit dans le contact avec les autres. Il faut laisser l’enfant découvrir d’autres personnes, pour qu’ils ne deviennent pas une image du parent. Partager du temps avec sa mère. Amitié. Importance d’avoir des amis pour s’amuser, partir à l’aventure (en dehors de chez-soi, du connu).

Besoin de maîtrise

On sent bien que la mère est stressée, et qu’elle se rassure en tentant de tout gérer. Elle doit pouvoir apprendre à lâcher, faire confiance, accepter que l’autre lui échappe un peu. En voulant que tout soit comme elle veut, elle peut agresser des animaux (on voit la mère gicler des oiseaux qui se trouvaient sur le toit de sa maison), dénigrer les personnes différentes (comme le vieil aviateur), ne pas être attentive aux besoins de sa fille.

Aimer

Créer un lien spécifique. Amitié. Apprivoiser une personne puis être en lien. En apprivoisant, on fait sortir de la masse un être qui devient important pour nous. On ne voit qu’avec le coeur, l’essentiel est invisible pour les yeux. Souffrance. Quand on aime l’autre, on court le risque de pleurer quand il s’agit de se séparer. Devoir satisfaire la femme. La rose du Petit Prince et une symbolique de la femme qui a besoin de se trouver belle, qui ne pense qu’à soi (une mère ou une amoureuse). Difficulté du Petit Prince, trop jeune pour savoir aimer et qui doit prendre la fuite. Chagrin d’amour.

Valeurs

On critique les humains qui sont perdus dans leurs besoins (de posséder, de se trouver beau, de vouloir gérer). Sagesse. On recherche chez l’enfant une sagesse que l’on imagine perdue chez l’adulte confronté à un monde de profit, de travail.

Rêve ou réalité

Il y a un moment où la petite fille peut rêver. Il y a une peluche renard qui se met à bouger, et la réalité se mélange avec l’histoire qui a été racontée.

Le Petit Prince

Le Petit Prince

SCÈNES DIFFICILES

Mises en danger

Bruit qui fait sursauter, une grosse hélice défonce un mur de la maison, on ne sait pas d’où elle vient, le tableau que vie que la mère avait posé est démonté. La petite fille ose entrer chez le voisin par un trou dans le jardin, on ne sait pas ce qui va se passer. Un gros bruit, l’aviateur est tombé dans sa cuisine. Risquer un accident parce qu’on regarde un papillon plutôt que la route. Serpent qui se dirige à toute vitesse sur le Petit Prince. La petite fille prend un vélo de nuit, elle roule vite entre les voitures. La petite fille met en route l’avion de nuit, celui-ci va vraiment décoller grâce à un système automatique, on voit qu’elle ne maîtrise pas grand-chose, ils risquent de foncer contre la barrière, ils évitent les fils électriques de justesse, elle lâche la manche à balais. Elle arrive sur une planète avec gros immeubles, elle risque de foncer contre une tour. Elle tente d’atterrir, va finir sur un bus puis au milieu de la chaussée, la police arrive, elle risque de se faire gronder. La petite fille va avoir ses mains accrochées à un pupitre, elle ne parvient pas à se détacher, une sorte de porte qui ressemble à une bouche avec des dents s’ouvre, des bras robotiques vont accélérer sa croissance, cela ressemble à un début de scène de torture, c’est plutôt effrayant (la scène la plus stressante du film). Risquer sa vie en sautant sur le gros globe qui contient les étoiles. Tombe de haut. Difficulté d’atterrir sur la petite planète du Petit Prince, risquer de s’écraser.

Malaise

Une petite fille doit passer un examen qui semble important, on voit comme la mère est motivée à la briefer, au moment de répondre à la question, devant une série de responsables très sérieux, la petite fille reste trop dans ce que sa mère lui avait conseillé et ne répond pas à la question. La fillette ne s’intéresse pas au gentil monsieur qui tente de lui dire bonjour, qui lui a envoyé un avion en papier pour lui faire découvrir une histoire, elle le jette à la poubelle. L’excentricité du voisin n’est pas appréciée par les gens du quartier qui le fuient. La mère jette la fleur et la sympathique lettre d’excuse du vieux monsieur. La mère ne pense qu’à faire travailler sa fille pour l’école, elle ne lui laisse qu’une demi-heure par semaine pour voir un ami (pour autant qu’elle ait bien travaillé). La petite fille ne suit pas le planning imposé par la mère, elle s’amuse à la place et lui cache cela en lui faisant croire qu’elle a travaillé. Un policier suit la voiture, on craint que les passagers aient un problème, l’aviateur dit ne pas avoir de permis de conduire, la petite fille fait croire que c’est son anniversaire, la mère est mise au courant des mensonges. La mère n’accepte pas que sa fille voie l’aviateur, elle la fait travailler pour l’école. La mère jette le renard dans le container, on le voit petit à petit être écrasé par les poubelles. L’aviateur dit qu’il va devoir partir tout seul, on comprend qu’il parle de la mort. La petite fille va vouloir fuguer de chez elle, elle utilise la chéneau, qui va se détacher, elle tombe. Effet de tonnerre, il fait nuit. Un policier fait arrêter la voiture où se trouvent l’aviateur et la petite fille. L’industriel veut détruire des objets de plaisir, considérés comme inutiles, on voit vélo, bateau être réduit en trombone, la longue vue de l’aviateur est détruite, il y a le risque que l’avion de l’aviateur passe à la broyeuse, la petite fille tente d’arrêter la machine, elle croit y être parvenue, mais elle se remet en marche, c’est stressant. L’industriel détruit les belles étoiles pour générer de l’énergie. On réalise qu’avec la longue absence du Petit Prince, il y a maintenant plein de baobabs sur sa planète, elle est sombre. Dans le stop motion du Petit Prince, un homme se retrouve seul après un accident dans le désert, on le voit regard dans le vague.

Tristesse

La mère déchire les précieuses pages du Petit Prince. La petite fille rejette l’histoire, elle crie, dit que c’est débile, jette le renard, va enlever toutes les étoiles fluorescentes de sa chambre. Il pleut, il fait presque nuit, la petite fille voit qu’il y a une ambulance devant la maison de l’aviateur, elle tente de l’atteindre, mais les portes se ferment devant elle. La petite fille n’a plus de contact avec son père, elle ne reçoit qu’un cadeau de lui par anniversaire, ça lui donne la larme à l’oeil (le matin de son anniversaire, la mère n’était pas là, lui a laissé un cupcake avec une bougie et un cadeau emballé utile pour l’école). Le Petit Prince qui a grandi est dénigré, il est traité de raté par les adultes, on se moque de lui quand il dit qu’il est le Petit Prince. On craint que l’aviateur dans son lit d’hôpital ne se souvienne plus de la petite fille.

Mort

Si le thème est très présent dans le film, ce n’est visuellement pas montré, en dehors de la rose, que l’on retrouve sous sa protection, sur une planète remplie de Baobab, quand le Petit Prince soulève le verre embué, la rose que l’on croyait vivant est complètement séchée, quand il touche ses pétales, ils parents en poussière.

VOCABULAIRE

Classique. Des voix qui sonnent bien.

L’idée de mélanger deux histoires est intéressante, mais bien compliquée pour des enfants qui ne pourront pas lier le contenu et qui risquent d’être bien perdus avant l’âge de 10 ans dans un scénario dont le contenu est du niveau de l’adulte (un peu comme le livre d’ailleurs). Une grande différence d’animation entre le stop motion tout en sensibilité du Petit Prince et l’animation en image de synthèse avec de gros yeux. Une dernière partie qui présente le Petit Prince lui-même en synthèse, devenu jeune adulte, diminue la magie de l’histoire, surtout à cause d’un visuel peu poétique. Un film qui comporte de beaux moments sensibles et avec un potentiel de messages qui méritent d’être discutés avec l’enfant.

Ce que disent les autres : Ici, une critique du film.

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