Le Garçon et le Monde est un film d’animation de 2014. On a l’impression d’un rendu dessiné au crayon de couleur, peinture ou néocolor. On joue avec les blancs qui font ressortir ce qui peut être important pour l’enfant, on partage son point de vue. Les temps se mélangent dans le film, rêve, flash-back, et surtout monde intérieur qui sait jouer avec les rythmes et les séquences, un montage complexe et intelligent (qui peut un peu perdre celui qui a de la peine avec ce qui n’est pas linéaire).

MESSAGES

Quête identitaire

À travers un voyage à la recherche du père, un petit garçon va découvrir qui il va devenir. On ne le saisira qu’à la fin, mais les principaux personnages qu’il rencontre sont des images de lui-même dans le futur (thème plutôt complexe que les enfants auront du mal à saisir). Cycle de la vie.

Découverte du monde

Le regard d’un enfant quand il part hors de sa maison. Beaucoup d’éléments du film sont transformés en espèce d’animaux par l’enfant (train, char, grue), ce qui est nouveau est d’abord compris à travers des choses qu’il connaît. Si le voyage est spécial, il sera aussi temporel, on nous fait découvrir plusieurs temps, plusieurs époques. Découvertes, autonomie.

Importance du parent

On nous montre que l’image du père est importante dans l’enfance. Le garçon voit son père partir, il va vouloir le suivre. Souvenir d’enfance. On garde, au fond de soi, des sons, des couleurs qui ont touché notre enfance, ce sont des choses importantes qu’il faut protéger. Photo souvenir, avec ses parents, que l’on garde toujours sur soi.

Vie simple

On peut être heureux sans avoir besoin de richesse, l’enfant est entouré de ses parents, il s’intéresse aux petites choses qui l’entourent, il voit ses parents chercher de l’eau, travailler la terre, faire à manger. Contraste ville campagne. On nous montre bien que la ville est plus bruyante, agressive.

Différences sociales

On voit des personnes de différentes conditions, on réalise que les patrons ont plus d’argent que les ouvriers, que les importateurs sont encore au-dessus et qu’il y a même des états riches où tout le monde est encore bien au-dessus.

Exploitation des matières premières

On voit que dans ce pays on exploite la nature (coupe des arbres, recherche pétrole, poissons dans de l’eau sale) (et c’est encore montré plus vrai, avec des images réelles). Pour cela, les indigènes reçoivent très peu, ces produits partent surtout dans les pays riches (qui les leurs renvoient comme produits finis qu’ils rendent attrayants à coup de marketing, et bien plus cher).

Produire local

Plutôt que de consommer cher ce qui vient de l’extérieur du pays, autant se tisser soi-même ses habits, ne pas être dépendant des autres et produire ce que l’on a besoin pour notre subsistance, ne pas manger toujours les mêmes choses en boite.

Jeu, imagination

S’émerveiller devant les jolies choses, avoir l’esprit ouvert à l’imagination, jouer avec les nuages.Observation. S’intéresser à un objet, s’en faire tout un monde, s’intéresser aux choses, aux animaux.

Plaisir

Vivre des moments heureux. Avoir du plaisir avec ses parents, en écoutant ou jouant de la musique, en observant. Profiter de la nature, sauter dans les bacs de coton. Travail plaisir. Vivre d’un travail où on prend du plaisir, être musicien des rues plutôt que de travailler en usine.

Exploitation humaine

On voit bien les conditions difficiles d’humains en recherche de travail, ou des ouvriers en usine. On voit des personnages dans l’insécurité, fatigués. À la fin, les machines volent même le travail aux hommes.

Contrôle social

Il y a différents moyens de maintenir le peuple en position de dominé. Armée. On critique l’armée utilisée pour affronter les manifestations, on nous la montre sombre, agressive, rigide, dépersonnalisée. Consommation. La télévision ou la publicité sont aussi des moyens pour contrôler les masses qui s’abrutissent devant des programmes, qui doivent gagner de l’argent pour acheter le dernier habit à la mode. Les sports de masse. On nous montre un sport où le peuple peut se projeter et apprécier une victoire comme si c’était la sienne.

Entraide

Dans un monde dur, on voit qu’il peut y avoir de l’entraide (le petit garçon reçoit un vélo pour aller plus vite.

Poésie

métaphore. Beaucoup d’évènements (même presque tout ce qui est montré) contiennent une deuxième lecture, l’enfant qui ne saisit que ce qu’il voit peut être un peu perdu, ne pas comprendre ce qui se passe (le meilleur exemple et l’apparition du père, enfin descendant du train, mais suivi par d’autres pères identiques, et personne ne s’arrête devant l’enfant).

Le Garçon et le Monde

Le Garçon et le Monde

SCÈNES DIFFICILES

Malaise

On ne sait pas vraiment quelle est la chose en bas du nuage, la musique est un peu stressante. La mère attend comme l’enfant le retour du père, le petit se réveille la nuit pour aller rechercher son papa, rêve étrange où il suit les rails du train. Risque de se perdre entre des arbres qui sont tous semblables. Décharge avec personnes qui semblent agressives, regardent méchamment. Le gentil jeune homme entre par effraction dans l’usine, on peut craindre qu’il soit un voleur, qu’il se fasse prendre. Il n’y a plus personne chez le petit garçon, on ne comprend pas tout de suite où est la maman, ce qu’il se passe, l’herbe à pris possession des lieux.

Mises en danger

Brouillard, on ne sait pas ce qu’il y a au fond, c’est une route, risque d’être écrasé. Grosse tempête, ils sont ballotés par des vagues, le chien est éjecté de l’embarcation. Ne pas voir les différents dangers (risque de tomber dans un trou, passe d’un échafaudage à un autre). L’enfant risque de se faire écraser par un gros container, le bateau va partir et lui tente de rejoindre la terre ferme, n’y arrive pas à temps, est coincé sur le bateau.

Tristesse

L’enfant voit son père avec d’autres travailleurs, mais il n’arrive pas à l’atteindre, le véhicule démarre et l’enfant se retrouve seul et triste. Déception, car il n’y a personne dans l’usine où il espérait retrouver son père. Il croit voir son père. Vieux monsieur qui craint de se faire renvoyer, car il montre des signes de faiblesse, il parvient à faire façon, mais tousse juste avant la fin de l’inspection, on comprend qu’il s’est fait renvoyer, qu’il doit quitter son travail, il pleut.
L’enfant ne sait pas vraiment où aller, il se retrouve dans un bus qui se vide, petit à petit, il se retrouve finalement seul, pathétique. Oiseau de couleur qui perd contre oiseau noir, il se fait tirer dessus de différentes façons, un ou lui casse le nez (on peut comprendre que c’est la manifestation qui est réprimée).

Monde adulte

L’enfant se retrouve de nuit dans une favela, au mur il y a des images suggestives de femmes, il doit être devant des bars, une bouteille est jetée d’un établissement.

VOCABULAIRE

Le plus souvent sans paroles, mais il y a quelques moments où les personnes parlent, avec une sonorité latino-américaine, mais dans une langue inconnue, au spectateur de comprendre ce qui peut être dit (comme l’enfant du film qui ne peut pas saisir le discours des grandes personnes). Très musical.

Vu la complexité des thématiques, il faudra au moins avoir 8 ans pour commencer à saisir ce film. Pour les petits qui ont de la peine avec la notion de séparation, cet animé est même plutôt à déconseiller, l’enfant est en attente du père qui doit revenir et l’animé va s’intéresser à un message plus profond, autour de la transmission et du devenir (le retour du père n’est pas vraiment dévoilé, générant une forme d’insécurité). Les effets poétiques que l’animé procure risquent de disperser l’enfant, il est bien utile de l’accompagner dans le visionnement de ce film, que l’on pourra revoir plusieurs fois (même l’adulte risque de mieux saisir l’histoire dans la deuxième vision).
Ce film est incroyablement riche, et un adulte pourra apprécier les différents messages, et un montage bien intelligent et riche de sens. Pour ceux qui aiment analyser, chaque plan mérite d’être compris (beaucoup de messages, je ne les même pas tous mis), pour ceux qui aiment ressentir, on peut tout à fait se laisser flotter par la poésie de cet animé plutôt hors norme.

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