Grille d’analyse

Voici comment nous analysons les films

On présente ci-dessous les différents axes qui aident à poser les âges.

Premièrement, la durée des films est prise en compte. Cette notion de temps est importante surtout pour les plus jeunes.

Avant trois ans

Les professionnels de l’image renvoient qu’il ne devrait pas y avoir d’écran avant trois ans, car les petits ont besoin d’interagir avec ce qui les entoure. Avant trois ans tous les programmes proposés à haute dose sont néfastes pour l’enfant, même s’ils prétendent le contraire ou tentent d’y incorporer de la pédagogie. Si vous voulez quand même sensibiliser votre petit à quelque chose, partager une séquence avec lui, si vous avez besoin que l’enfant soit tranquille un moment, les séries pour petit proposent des épisodes de cinq minutes.

De 3 à 5 ans

Les séries adaptées à un petit de cet âge sont celles qui proposent des épisodes courts. L’enfant n’a pas la possibilité d’emmagasiner toutes les informations d’un long métrage, il doit pouvoir suivre un personnage.

À partir de 6-7 ans

Des parties de l’intrigue d’un long métrage peuvent être saisies, pour autant que cela soit à son niveau.

Le montage de l’oeuvre est également analysée

Plus le public est jeune, plus il faut penser à proposer une gestion des séquences du film qui lui permette d’appréhender son contenu. Pour faciliter la compréhension ou réduire les tensions, nous sommes attentif à plusieurs choses.

Gestion de l’image

Une caméra qui comporte des plans classiques, sans montages rythmés avec gros plans, travelling, contre-plongée, caméra sur épaule, caméra subjective. Une trop grande immersion dans le film complexifie, entraîne dans le film.

La temporalité

Le film doit avoir une ligne de temps classique avec un personnage principal qui avance dans le temps de manière linéaire, s’il y a des flash-back, des effets de rêve, des moments imaginaires, cela peut complexifier les choses.

Les intrigues multiples

Beaucoup de personnages, des intrigues secondaires en parallèle. Il peut souvent se passer plusieurs choses en même temps, cela peut même être pensé pour augmenter les tensions internes. Aider à la compréhension, parfois avec un narrateur qui explique ce qui se passe.

Suivi du héros

Le montage va suivre le personnage, l’enfant ne le perd pas des yeux, pour mieux être guidé dans les différents environnements. Il est sécurisé par ce qu’il connaît, il n’y a pas de disparition.

Le rythme

Un rythme lent génère moins de stress, l’enfant peut s’arrêter de tenter de suivre le fil de l’histoire pour avoir une interaction avec les autres spectateurs, il n’est pas scotché sur son siège à subir un flot d’images qui ne lui laissent aucun répit.

Les messages sont souvent les valeurs que souhaite promouvoir le créateur de l’œuvre, ce n’est pas toujours explicite en lisant un résumé de l’histoire. Les messages peuvent aussi être tellement inscrit dans une société ou dans la temporalité, que le réalisateur peut ne pas y avoir prêté garde. Ici, on va tenter de vous faire ressortir les grandes lignes de chaque production analysée.

Beaucoup de sujets peuvent être amenés à un enfant, ce sera la manière de le faire qui sera le plus importante. On peut traiter de beaucoup de manière différente le deuil, l’écologie, l’amour ou Noël, mais en regardant les thèmes qui sont proposés dans un film, vous pouvez assez vite déceler si c’est dans cela que vous voulez immerger votre enfant.

Plusieurs messages

Dans un film, il n’y a pas qu’un seul message, nous tentons d’en faire ressortir un grand nombre dans nos fiches, pour qu’on puisse saisir ce qui est transmis à l’enfant. Il peut y avoir quelques messages proposés par la tournure de l’histoire, à travers ce que vivent les héros, mais cela se joue aussi dans la relation qu’ont entre eux ces personnages : comment se comportent-ils entre eux ? On y rencontre des morales, mais aussi des stéréotypes, des relations qui s’insèrent dans une dimension psychologique (une quête initiatrice, la recherche du parent idéal, apprendre à se protéger, différents types de relations à l’autre).

Les différents messages ne sont pas toujours posés explicitement, mais ils existent, et seront ressentis, intégrés. Ils seront peut-être compliqués à vivre pour un enfant, lorsque le message est inadapté à son stade de développement, lorsqu’il peut mal interpréter ou lorsqu’il touche une zone sensible et que personne n’est présent pour reprendre cela avec lui. Cette partie doit aussi permettre au parent de déceler les valeurs mises en avant dans la production.

Découverte

Pour faciliter la compréhension ou réduire les tensions, il y a des thèmes plus adaptés à certains âges. Tout petit, l’enfant saisira des éléments qu’il connaît, qui proviennent d’un environnement classique, une maison, un jardin, des parents, une cuisine, des jouets, des couleurs. En grandissant, il va avoir accès à ce qui se trouve proche de chez lui, avec le quartier et les copains, puis l’école. Petit à petit, il s’ouvre aux autres mondes (l’historique, le fantastique, la science-fiction, l’héroïque fantasy) dans lesquels vont se rejouer les thèmes.

Socialisation

Le relationnel peut aussi être pensé en fonction de l’âge. Dans les séries pour les petits, on va lui montrer des choses gentilles, sécurisantes, des animaux, des séquences où les héros s’amusent, chantent. Petit à petit vont apparaître les morales, parce que l’adulte a envie de transmettre des choses aux petits (s’entendre avec l’autre, se décentrer, ranger sa chambre). Avec la socialisation, il y aura le besoin de traiter du conflictuel, et beaucoup de petites séries montrent comment il faut bien faire pour fonctionner ensemble. Plus le public cible devient âgé, plus les messages relationnels risquent de se complexifier, on va pouvoir promouvoir le respect de l’autre en montrant des agissements dénigrants, des mauvais exemples, un enfant va devoir saisir le deuxième degré pour décrypter ce qu’il voit.

Dans les messages en lien avec la famille, en fonction de l’âge du public cible, les directions seront bien différentes. Chez les petits, les scénaristes vont privilégier des liens aimant avec les parents, on le voit devoir gérer les liens dans la fratrie, puis des débuts d’autonomie. Ce n’est pas la même chose que la recherche du couple ou de la difficulté que peut avoir un homme de devenir parent.

Ce qui tourne autour de l’amour est aussi propre à chaque âge. Chez les plus jeunes on va favoriser le bien fonctionner ensemble, avec des relations amicales entre les filles et les garçons. Puis on va proposer différents types de relations hommes femme, ici le conditionnement commence, et pour certains films, mieux vaut être assez âgé pour avoir une certaine distance critique.

Nous mettons en évidence ce qui peut être problématique dans un film. Les différentes violences que vivra votre enfant par héros interposés. C’est trop compliqué de poser en plus l’intensité de chaque scène difficile (elle est souvent liée à l’affection que peut porter l’enfant au personnage, au temps que la scène peut durer, aux incidences dans l’histoire, au visuel, au son, au rythme…), nous devons nous contenter de noter « course poursuite » ou « mort du père » quand derrière cela se joue forcément des intensités de malaise, tension ou tristesses très différentes d’un film à un autre.

Les mises en danger

Différents événements qui peuvent faire souffrir les personnages. Les différentes types de morts. L’utilisation d’armes diverses, les différents combats.

Les visuels qui peuvent effrayer

Les méchants ou sbires qui peuvent rester des images de monstres dans la tête des enfants. Cela peut aussi parfois être des environnements.

Malaise

Des moments où l’enfant ne maîtrise pas ce qu’il voit, où il ne sait pas ce qui va se passer, cela apparaît souvent comme étant le plus stressant pour lui. Des moments où les personnages risquent quelque chose. Les tensions en font partie. Des éléments du contexte qui peuvent devenir angoissants pour le héros qui le traverse et le petit téléspectateur en même temps (le feu, le tonnerre, la mer déchainée, la forêt sombre, …).

Maltraitance

La relation entre les personnages, qui peut être agressive, rabaissante. Des éléments du contexte qui peuvent devenir angoissants pour le héros qui le traverse et le petit téléspectateur en même temps. Des moments forts où le scénariste à eu besoin d’augmenter la souffrance pour que l’on finisse par souffrir avec le héros.

Banalisation de violence

Les coups qui sont pensés pour faire rire. Les petites phrases ou situations qui nous permettent de se moquer de l’autre.

Dénigrement

Moquerie des personnages. Ceux qui sont rabaissés pour faire rire. Certains stéréotypes. Dès un certain âge, il est de bon ton pour un animé qui veut plaire à l’enfant, d’aller dénigrer ceux qui ont une ascendance sur lui, les autorités (le professeur, la police, la loi, le parent).

Santé

Nous poserons aussi ce qui est relatif à la santé, utilisation de cigarette, de stupéfiant ou d’alcool.

Sexualité

L’idée n’est pas de dire que la sexualité est un danger ou quelque chose de violent, mais autant être attentif à ce qui est montré. L’idée c’est que le parent soit prévenu qu’il va pouvoir faire face à des questions. L’enfant doit pouvoir vivre des images adaptées à là où il en est.

Généralement le vocabulaire est assez soigné, mais il peut parfois se révéler complexe ou vulgaire.

La complexité du vocabulaire

Chez les tout petits, on proposera des mots simples ou on sera attentif à les expliquer. La complexité peut aussi être parfois d’introduire le film en racontant le passé ou le contexte sans y associer un visuel en lien avec la parole.

Le flux de parole

Lorsque des personnages parlent sans arrêt, cela devient compliqué pour l’enfant de se concentrer sur le visuel et l’auditif.

Les mots orduriers

C’est peu probable que les scénaristes posent des mots vulgaires dans des films ou séries adaptés aux enfants de moins de 7 ans. Les sensibilités changent beaucoup autour du langage, les films pour 10 ans des années 80 sont beaucoup plus vulgaires qu’aujourd’hui (on veut plaire aujourd’hui aux parents, et les parents semblent plus sensibles aux mots qui sortent des bouches de leurs bambins qu’autrefois).

Les tonalités

Les films pour petits auront des narrateurs à la voix grave de papa ou douce de maman (qui a dit stéréotypé ?), cela reste tranquille et doux. Lorsque l’enfant commence à devenir plus grand, des voix plus criardes pourront apparaître. Les jeux d’acteurs seront plus présents, avec une plus grande palette d’émotions qui se joueront à travers la voix.

Nous ajoutons systématiquement un rapide commentaire sur le film. Il peut s’agir d’informations complémentaires autour de l’oeuvre, ou une mise en évidence des thèmes principaux ou des âges adaptés. On tente le moins possible de poser un avis personnel sur la qualité générale du film (mais c’est parfois difficile de s’en empêcher).