Adama est un films d’animation de 2015. Une synthèse traitée pour ressembler à de la peinture, l’effet est plutôt bien réussi, mouvement un peu saccadé, comme au ralenti. Nous avons le même regard de l’enfant, découvrant petit à petit un nouveau monde. Une histoire qui ose l’onirisme, avec des moments de rêve éveillé. Un rythme plutôt lent et une immersion dans un monde vu par des yeux d’enfants. Image de la guerre dans une autre technique pendant quelques secondes. Un texte parlé dans le générique de fin.

MESSAGES

Voyage initiatique

On nous montre la force qu’a dû trouver un enfant pour ramener son frère au village. Passer par des épreuves pour accéder à ce que l’on veut, apprentissage de la bonté. L’humain doit pouvoir dégager de l’énergie pour le bien, pour sauver l’autre, pas pour créer des conflits. Initiation tribale. On nous montre une vision du passage à l’âge adulte. Importance de l’initiation dans une culture africaine pleine de mysticisme. Celui qui n’a pas les yeux éveillés sur le monde risque de ne pas voir ceux qui sont importants pour lui.

Première guerre mondiale

On nous montre la réalité de cette période, avec les tranchées, le manque de provision, la destruction. Critique de la guerre. On nous montre comme les hommes peuvent exploiter les autres (aller chercher de la guerre de la chair à canon en Afrique). Les paysages dévastés par les bombes, des blessés, des images pesantes. Pacifisme

Colonialisme

Critique de l’exploitation de l’autre, on nous montre comment la France a utilisé des soldats africains pour sa guerre, les tirailleurs sénégalais. On nous montre comment ces personnes n’avaient rien à voir avec cette réalité, comme ils pouvaient être totalement décalés dans cette guerre. Racisme. Des enfants agressent Adama avec un sobriquet raciste.
Importance des racines. Lorsque l’on perd confiance, on peut se rassurer en se remémorant d’où on vient. Ne pas oublier l’endroit d’où on vient. Accepter de perpétuer les traditions. Importance de la famille. Nous sommes bien dans notre environnement familial, entouré des gens qui nous aiment.

Lien aux autres

Adama va être souvent seul, on voit qu’il a besoin du lien aux autres, pour le soutenir.
Protection de l’enfance. Même si Adama ne l’appréciait pas, les militaires qui refusaient qu’ils partent avec eux faisaient ça pour le protéger. Le frère va finalement prendre soin de son cadet. Aide. La solidarité est importante, on voit quelques personnages qui vont aider Adama dans sa quête même s’ils sont eux-mêmes des problèmes.

Impuissance de l’enfant

Un enfant qui n’a pas vraiment de prise sur ce qui l’entoure, il ne peut qu’aller rechercher du lien, le reste est inaccessible pour lui. On a un peu conscience de la difficulté de ne pas pouvoir accès aux choses, se sentir balloté et dépendant de l’environnement. Se méfier des apparences. Adama ne sait pas vraiment à qui il doit faire confiance.

Persévérance

On nous montre un garçon qui va jusqu’au bout de ses idées. Résistance face à l’adversité. Courage. Oser faire comme un grand.

Se méfier du danger

On nous montre un Adama qui n’est pas conscient du monde qu’il traverse. Il est entêté, avoir de la suite dans les idées peut être dangereux si l’on ne maîtrise pas les choses auxquelles on va se confronter. On voit comme il se fait voler. Un des personnages lui renvoie bien qu’il ne fait que courir loin devant lui, qu’il prend des risques.

Culture africaine

Un village autarcique et des traditions ancestrales. Une vision de ce qu’a pu être l’Afrique dans les années 1920. Paroles sages. Les marabouts ont des paroles pleines de sagesses, qui ne sont pas toujours claires. À la fin du film, on entend un texte aussi à réfléchir sur du sens pour la vie. La sagesse est proche de la folie. Influence des sorciers. On nous montre des personnes soumises à l’autorité du marabout. Crainte des mauvais esprits, on parle de possession.

Magie

Il est des mondes que l’on ne maîtrise pas. Les héros vont réussir à revenir dans leur village comme par magie après une grosse explosion en pleine guerre des tranchées, si l’on croit à la magie, on ira dans cette direction.

La mort

Avec la guerre, la mort est présente, même si on ne la montre pas. On craint plusieurs fois que des balles ou une bombe tuent un personnage connu, mais ce ne sera pas le cas. Par contre la fin n’est pas claire et peut laisser place à différentes interprétations, y compris la mort des deux personnages principaux, qui se retrouveront dans un paradis qui représente leur village.

Danger d’une ouverture sur le monde

On nous montre un jeune adulte qui ne veut pas vivre comme les siens, il veut faire autrement, il ne suit pas les recommandations, il recherche la reconnaissance facile, préférant l’appât d’un monde de blanc au labourage. Ne pas vouloir être enfermé dans une vision du monde, oser aller au-delà de la falaise peut être dangereux. Les anciens connaissent les dangers, il y a des limites à ne pas franchir (et d’autre que l’on peut expérimenter pour prouver sa force). Refuser les règles des adultes est dangereux.

Autorité des parents

Les enfants doivent se soumettre aux règles des adultes.

Vol

Critique de ceux qui prennent le bien d’autrui. L’argent est montré comme problématique, il risque de générer des souffrance.
Misère sociale. On nous montre des endroits où les gens sont très démunis, ils vivent dans la boue, ils sont pauvres.

SCÈNES DIFFICILES

Mises en danger

Un mendiant inquiétant, il louche, veut gagner la confiance d’Adama juste après avoir voulu l’arnaquer, il se fait embarquer par une police militaire, on ne saisit pas vraiment pourquoi. Adama parvient à sauter sur le bateau, on ne sait pas ce qui peut se passer pour lui, il est dans la cale, se cache dans la salle des machines, le moteur se met en route, il hallucine, croit voir un esprit, se cache les yeux et semble s’évanouir. Deux jeunes loubards veulent prendre l’argent à Adama, ils se montrent menaçants envers lui et la jeune fille qui l’accompagnait, il fait nuit, dans une ruelle sombre. Attaque d’un avion, il tire, Abdou resté au milieu du terrain à découvert. Bombes qui s’approchent, on entend des cris, on ne sait pas qui a survécu aux explosions. Adama est au milieu d’une attaque, il reçoit des gaz au visage, risque de mourir. Étrange explosion qui force le frère à se réfugier dans un trou.

Malaise

On voit le grand frère partir durant la nuit, on réalise bien qu’il fait une bêtise. Adama va partir à sa recherche, contre l’avis des gens de son village, il avance seul, puis semble se trouver devant ce qu’on imagine être un océan avec de grosses vagues, mais c’est plus de la poussière. Adama prostré, semble désespéré. Les chefs militaires ne veulent pas le laisser monter sur le bateau malgré ses supplications. Visage d’un blanc en haut du bateau, indéfini, presque effrayant. Homme qui vomit, on en voir d’autres qui boivent de l’alcool. Adama qui avait réussi à s’intégrer aux hommes d’équipage risque de ne pas pouvoir descendre du bateau, un de ses amis qui voulait l’aider reçoit un coup de crosse dans l’estomac. Adama voit son frère, dans un camion, mais il est enfermé derrière un gros hublot. Ambiance sombre dans le bateau, puis course poursuite, Adama fuit avec un voleur, il doit sauter du bateau. Adama est largué dans une ville sale, il est démuni, ne connait personne, il pleure, et se retrouve dans son village, il retrouve le sourire, sa mère, son père et son frère, mais ce n’était qu’un rêve éveillé. Soldat qui est revenu de Verdun, son visage tout brulé. Se glisser dans une gare pour prendre un train sans être vu. Adama se retrouve dans un hôpital de guerre, dans une église désaffectée, avec beaucoup de lits remplis de soldats blessés en souffrance. On apprend que le régiment du frère se trouve dans le no man land, que c’est la fournaise et que l’on ne sait pas s’ils sont encore vivants. Il retrouve Abdou au milieu du no man’s land, il semble encore plus fou, un avion lui dire dessus, on peut craindre qu’il soit abattu.

Tristesse

Si Adama est parfois aidé, c’est pour ensuite se retrouver seul, démuni. Moments de solitude, désespoir. Il retrouve Djo, l’homme qui l’avait aidé sur le bateau, il est alité, blessé aux yeux, certainement à cause des gaz. Quand il retrouve son frère, celui-ci se montre agressif, il n’a pas conscience de ce qu’a fait Adama pour lui, il ne pense qu’à combattre.

Crainte

Une silhouette dans le vallon, c’est un masque posé avec un habit, cela fait peur à Adama. Être surpris par l’arrivée d’une automobile qui klaxonne.

VOCABULAIRE

Classique. Parfois quelques termes vulgaires (qu’est-ce que tu fous, ne fais pas le con, merde, ne fais pas la gueule, tu me soules, m’engueuler, chialé, doutez-nous la paix, dégagez, chiante, dégage connard, putain).

Le voyage d’un petit garçon pour retrouver son frère dans un monde en guerre n’est pas adapté aux plus jeunes. Les réalisateurs n’ont pas voulu montrer d’images anxiogènes, on ne verra pas de sang ou de membre arrachés, le rythme est plutôt lent, mais l’enfant sera confronté à beaucoup de moments de solitude, un monde dur où celui qui n’a rien se fait en plus dépouiller. Un scénario certainement difficile à saisir pour un enfant qui n’aurait aucune idée de cette période de l’histoire, on nous parle de la Première Guerre mondiale, des combattants africains. Cela reste un film très intéressant pour comprendre ce que sont les souffrances d’une guerre.

Partager cette page :

 

Vous pouvez nous soutenir sur Tipeee !