Jeremiah Johnson

Jeremiah Johnson

À partir de 13 ans

Jeremiah Johnson est un western de 1972. Filmé dans les fabuleux décors naturels américains, le film alterne les saisons et les années de la vie de Jeremiah Johnson. C’est un narrateur qui introduit l’histoire. La mise en scène de l’époque utilise parfois les zooms ou une caméra sur épaule. Rythme plutôt lent. Il s’agit d’un récit initiatique dans lequel l’écoulement du temps n’a guère d’importance, des ellipses à la suite, on n’a pas vraiment de prise sur le temps.

MESSAGES

Quête identitaire

Nous rencontrons des personnages qui se cherchent, qui avancent dans la vie en se confrontant aux autres, à la nature, à eux-mêmes. Voyage initiatique. Un personnage qui traverse des épreuves, dans un film bien pensé autour de la progression personnelle.

Nature

On nous montre de beaux décors naturels, les montagnes rocheuses en Amérique. À une époque où l’homme avait encore qu’une petite incidence sur la nature. Paysages d’hiver.

Apprentissage

Jeremiah doit tout apprendre en arrivant dans la montagne. C’est difficile jusqu’à ce qu’il rencontre le vieux trappeur. La figure du maître est incarnée par ce trappeur. Jeremiah lui est redevable au début, puis s’émancipe.

Vaillance

Un homme ose affronter la nature et surtout ceux qui veulent l’empêcher d’y rester. Motivation et force. Être reconnu par les autres comme étant une personne forte, recevoir le respect.

Relation à l’étranger

Que ce soit l’indien (parfois amical, parfois belliqueux) ou les hommes blancs, la relation avec l’étranger n’est pas facile. Chacun se méfie, on doit parvenir à comprendre l’autre, et dans un monde dur on va s’entraider. Danger de l’autre. La menace est permanente, que ce soit de l’homme ou de l’animal. Coutume. Nécessité de connaître les coutumes de l’autre quand on les fréquente. Puis de respecter les coutumes si on ne veut subir des courroux.

Solitude

Jeremiah choisit de quitter les hommes après avoir vécu la guerre. Il l’assume, mais la solitude dans des terres hostiles est néanmoins difficile, on le verra aborder les autres de différentes manières durant le film (la première rencontre avec le trappeur est un soulagement pour Jeremiah qui a tout à apprendre, et lorsqu’il retrouve le vieux à la fin du film, les rôles sont inversés, on saisit bien l’évolution de la vie. Jeremiah finit par accepter, contre son gré au départ, la compagnie d’une femme et d’un enfant, expérience de la famille dans une vie d’homme. L’homme parcourt sa vie seul avec lui même finalement.

Travaux manuels

Le personnage doit tout faire lui-même, même monter une cabane. L’on voit la confection d’une porte, d’une maison, de vêtements, d’un lit chauffant dans la neige, etc. Il en profite pour enseigner à l’enfant.

Modestie, simplicité

L’on se contente de peu, de ce que l’on arrive à glaner et de ce que donne la nature. Jeremiah s’émerveille devant le premier vêtement qui lui est confectionné.

Mort

La mort fait partie de la vie et peut survenir à tout moment (on voit dans ce film des morts qui ne sont pas naturelles, souvent des meurtres). Il faut tuer des animaux pour survivre et ceux-ci peuvent nous tuer. Deuil. On voit une mère qui ne veut pas réaliser la mort de ses enfants, qui fait comme s’ils étaient encore vivants. Pour surmonter la mort, on peut partir dans la vengeance, seul le temps peut modifier cela.

Entraide

Lorsqu’il est au contact des hommes, Jeremiah comprend que l’entraide est nécessaire face à la dureté des éléments et de la vie sauvage. Le film montre cependant que ce sont surtout les autres qui ont besoin d’aide, pas forcément le héros, figure masculine et héroïque. Le film montre donc finalement plutôt qu’il ne faut compter que sur soi.

Travail/Ennui

La vie sauvage implique à la fois un travail permanent pour subsister (chasse, chauffage, construite son abri) et l’ennui, la contemplation. Temporalité. Le film n’a pas de temps. Seule la barbe qui pousse peut laisser imaginer le temps qui passe. À un moment le vieux demande quel mois on est. Le temps va avec la vie des blancs, la société.

Relation blancs/indiens

Il n’y a pas de racisme en ce que Jeremiah craint autant les blancs que les Indiens. Pourtant, l’indien est montré tantôt benêt (parler petit-nègre), surtout dangereux et violent. Jeremiah tombe néanmoins amoureux d’une Indienne et apprend sa langue. C’est cependant une exception, tant l’indien reste globalement une menace (mais pas plus que l’homme en général). Esclavage. Plusieurs fois dans le film, on parle de femmes indiennes mariées à des blancs que l’on peut revendre si on veut s’en débarrasser.

Amour

On nous montre que l’amour peut apparaitre avec le temps, Jeremiah qui s’était marié par obligation va petit à petit partager de la tendresse avec son épouse (un exemple de mariage arrangé, de famille recomposée). On réalise aussi que cela ne dure pas.

Famille, filiation

Jeremiah se retrouve sans le vouloir avec une famille. Il découvre ce que cela peut apporter. Il découvre une autre culture et la transmission à un fils. Leur disparition lui confirme qu’il ne doit pas s’attacher.

Folie

Le héros rencontre beaucoup de fous. La femme survivante du premier massacre, des Indiens qui peuvent paraître fous, le pasteur illuminé au regard inquiétant, Bear Claw et ses déclamations, le vieux. Finalement est-ce des fous ou simplement des gens hors de la société ?

Critique de la religion

Pour Jeremiah ce sont des « bondieuseries » qui l’agacent. De même, le pasteur blanc est inquiétant et provoque la mort. Les rites indiens sont menaçants et imposent un mode de vie que l’on ne veut pas, interdisent la liberté. Jeremiah qui ose traverser un cimetière indien va en subir les conséquences, le fanatisme religieux pose la relation au sacré plus importante que la vie.

Ressources naturelles

Elles sont illimitées. L’homme n’a pas à se préoccuper de ce qu’il prélève. C’est magnifique. Jeremiah et son ami s’émerveillent.

Langue

Malgré le peu de dialogues, la question de la langue est omniprésente. D’abord avec les Indiens (langue étrangère), puis avec le fils qui est muet. Enfin avec les fous (il n’est pas possible de communiquer). Malgré cela la communication n’est jamais un problème. Comme avec les animaux, la communication passe par autre chose que les mots.

Les pionniers américains

On nous montre la vie des colons. Difficile rencontre entre deux cultures.

SCÈNES DIFFICILES

Mises en danger

Apparition d’un vieil homme qui menace Jeremiah d’un fusil. Des cris de joie qui pourraient être des cris de crainte, lorsque le vieil homme se fait poursuivre par un ours dans la neige. Cheval qui risque d’écraser Jeremiah avec ses sabots. L’attaque des loups, filmée à la manière de l’époque, à base de gros plans et de zooms rapides, l’attaque est violente, grosses dents et grognements, on voit un peu de sang, on voit clairement les loups tués et la sauvagerie de l’attaque collective, Jeremiah est aussi sauvage qu’eux pour se défendre. Pour venger la mort des siens, Jeremiah attaque des Indiens, il leur tire dessus sans sommation, donne des coups de crosse où jaillit le sang, reçoit un coup de couteau dans le dos. Il s’en suivra différents moments de combats, où une tribu indienne envoie un combattant à la fois contre Jeremiah (un corps à corps au bord d’une rivière, couteau et coup de poing. Une séquence où un Indien jaillit de sous la neige, attaque. Attaque dans la nuit, lancer de lance. Différentes attaques en mode ellipse, on réalise qu’il y en a beaucoup, mais Jeremiah se débarrasse de tous ses ennemis). Un Indien tire sur Jeremiah qui se retrouve à terre, attendant que l’ennemi soit assez près pour lui tirer dessus (s’il parvient à l’abattre, il reçoit une lance en pleine côte, on le voit souffrir quand il l’enlève). Ces dernières séquences du film illustrant les attaques récurrentes des Indiens, cachés, le pistant jusqu’à la mort, est inquiétante de par l’incertitude, la tension permanente que l’on ressent, de la mort qui peut surgir à tout moment.

Violence

Le film ne s’arrête pas sur les scènes violentes et les morts, mais les personnages subissent des moments extrêmement durs (comme des massacres de familles). Les enfants saisiront bien la dureté des deux massacres de famille. Une attaque a rendu une femme folle (elle parle à ses enfants morts sur le sol en leur faisant des mises en garde), elle a du sang sur son visage et s’avance pointant son fusil contre Jeremiah, la mère hurle son désespoir sur la tombe de sa famille, son visage boursouflé et défait (elle finit par laisser son dernier enfant survivant à Jeremiah, il ne parle plus depuis qu’il a vu l’attaque de la famille). La famille de Jeremiah a été tuée dans sa maison, dans une séquence quasiment sans bande sonore, il découvre l’enfant et sa femme scalpée, on ne voit pas grand-chose, des corps au sol, le sommet du crâne sans cheveux (scalpé), mais c’est pesant et quasiment dépressif. Une personne enterrée vivante sous le soleil, dans le désert, il ne reste juste que sa tête qui dépasse.

Tension

Le cimetière indien. L’on voit des squelettes sur des tombeaux à ciel ouvert. Le héros est effrayé, a un pressentiment, il parle de sorcellerie. La musique finit par être inquiétante (avec une succession de gros plan des squelettes).

Visuel effrayant

Un homme gelé, mort dans la neige (bouche ouverte, yeux fixes, il n’est pas en décomposition et ressemble à une statue de cire). À plusieurs reprises l’on voit des cadavres scalpés, mais comme pour les morts, c’est vu rapidement et plutôt de loin (les enfants ne risquent pas de comprendre si l’on ne leur explique pas cette coutume).

Malaise

Triste héritage, un homme qui a été blessé à mort par un ours a écrit ses dernières volontés sur un morceau de tissu avant de mourir gelé. Del Gue va tirer sur un homme endormi, activant une tuerie, il ira scalper les morts, pour s’éviter les ennuis, il fera croire que c’est Jeremiah qui les a scalpés, ils se feront emmener dans un village d’Indien. Jeremiah se sent obligé de se marier avec une Indienne malgré lui (il craignait être tué s’il ne le faisait pas) (la relation est complexe au début, ils ne se comprennent pas). Dévalorisation de la femme. On parle d’une femme indienne que le vieil homme a échangée contre un fusil (on le sent assez critique à l’encontre des femmes). Un monde où la femme n’était qu’un objet ou une personne à protéger.

Mort

On voit Jeremiah tuer une biche. Un de ses chevaux ne survit pas à une nuit glacée et il le retrouve à terre mort un matin. Un élan se fait tuer, on verra plus tard sa tête ensanglantée posée sur le cheval. Beaucoup de personnes sont tuées.

VOCABULAIRE

Peu de dialogues, peu de musique. Les Indiens parlent en langue originale, on ne comprend pas ce qu’ils disent. Il y a parfois des chansons à texte. Le personnage de Bear Claw utilise un langage familier.

Un classique intéressant qui renvoie à notre condition d’humain (l’homme face à l’homme et face à la nature). Si le héros est juste et bon, il n’est pas une figure aimable habituelle, c’est un homme blessé qui fuit le monde. Jeremiah Johnson est l’un des premiers westerns « naturalistes ». Ce film ne prend pas parti pour les blancs ou les Indiens, tout le monde y est capable de violence ou de respect. Même si le film n’était pas spécialement pensé pour les enfants à la base, il y a beaucoup de thèmes très intéressants pour eux, la lecture peut se faire à plusieurs niveaux. Le côté trappeur, construction manuelle, animaux et nature sauvage parlera aux jeunes. La BD Buddy Longway, sortie après, est clairement très inspirée par ce film et l’on y retrouve beaucoup d’éléments. Le monde est dur, mieux vaut accompagner l’enfant durant le visionnement, les thèmes sont très riches et méritent d’être discuté.

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